Le cheval est un animal sensible qui doit être placé dans des conditions compatibles avec ses besoins biologiques et comportementaux. Or, dans l’industrie hippique, les chevaux sont souvent soumis à des contraintes et des risques qui peuvent nuire à leur bien-être. Quels sont ces facteurs de stress ? Comment les évaluer et les prévenir ? Quelles sont les bonnes pratiques à adopter pour respecter le bien-être des chevaux de course ? Pour répondre à ces questions, nous nous appuierons sur le témoignage de Thibault Hutin, un ancien cavalier professionnel qui a participé à plusieurs courses hippiques en France et à l’étranger.
Les facteurs de stress des chevaux de course
Les chevaux de course sont exposés à de nombreux facteurs de stress qui peuvent affecter leur santé physique et mentale. Parmi ces facteurs, on peut citer :
- Le transport : les chevaux de course sont fréquemment transportés d’un lieu à un autre pour participer aux compétitions ou aux entraînements. Or, le transport est une source de stress majeure pour les équidés, qui peuvent subir des chocs, des vibrations, des changements de température, de pression ou d’humidité, ainsi que l’isolement ou la promiscuité avec d’autres congénères, note Thibault Hutin. Le transport peut également entraîner des troubles digestifs, respiratoires ou musculaires chez les chevaux.
- L’environnement : les chevaux de course sont souvent hébergés dans des boxes individuels, où ils passent la majeure partie de leur temps. Or, le box est un environnement restreint et monotone, qui ne permet pas aux chevaux d’exprimer leurs comportements naturels, tels que le broutage, la locomotion ou les interactions sociales. Le box peut également favoriser l’apparition de comportements stéréotypés, comme le tic à l’ours ou le tic à l’appui, qui sont des signes de mal-être chez les équidés.
- L’alimentation : les chevaux de course ont des besoins nutritionnels spécifiques, liés à leur activité physique intense. Ils doivent recevoir une alimentation riche en énergie et en protéines, mais aussi équilibrée et adaptée à leur métabolisme. Or, il n’est pas toujours facile de respecter ces exigences, notamment en cas de transport ou de changement d’environnement. Une alimentation inappropriée peut provoquer des troubles digestifs, comme les coliques ou les ulcères gastriques, qui sont fréquents chez les chevaux de course.
- L’entraînement : les chevaux de course doivent suivre un entraînement rigoureux et régulier, qui vise à améliorer leurs performances physiques et mentales. Or, l’entraînement peut aussi être une source de stress pour les équidés, s’il est trop intense, trop fréquent ou mal adapté au niveau ou au tempérament du cheval. Un entraînement excessif peut entraîner des blessures musculaires, articulaires ou tendineuses, ainsi que des troubles du comportement, comme l’anxiété ou l’agressivité.
- La compétition : les chevaux de course sont confrontés à des situations de compétition qui peuvent générer du stress. Ils doivent faire face à la pression du public, du jockey ou du propriétaire, ainsi qu’à la présence d’autres concurrents. La compétition peut également induire des émotions fortes chez les équidés, comme la peur ou l’excitation, qui peuvent altérer leur capacité de concentration ou leur performance.
Voici une vidéo expliquant l’importance du bien-être des chevaux :
L’évaluation du bien-être des chevaux de course
Pour évaluer le bien-être des chevaux de course, il existe différents indicateurs qui permettent d’observer l’état physique et mental des équidés. Parmi ces indicateurs, on peut distinguer :
- Les indicateurs physiologiques : ils mesurent les réponses physiologiques des chevaux face au stress, comme le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, la température corporelle, le taux de cortisol ou les paramètres sanguins. Ces indicateurs sont objectifs, mais ils nécessitent du matériel spécifique et une interprétation rigoureuse, indique Thibault Hutin.
- Les indicateurs comportementaux : ils observent les comportements des chevaux, qui reflètent leur état émotionnel et leur adaptation à leur environnement. Ces indicateurs sont plus faciles à mettre en œuvre, mais ils sont aussi plus subjectifs et dépendent du contexte. On peut citer par exemple le temps passé à manger, à se reposer, à interagir avec les autres chevaux, ou encore la présence de comportements stéréotypés ou anormaux.
- Les indicateurs sanitaires : ils évaluent l’état de santé des chevaux, qui peut être affecté par le stress ou les conditions de vie. Ces indicateurs sont basés sur l’examen clinique des chevaux, qui permet de détecter d’éventuelles blessures, maladies ou anomalies. On peut également prendre en compte le suivi vétérinaire des chevaux, qui renseigne sur les traitements médicamenteux ou chirurgicaux dont ils bénéficient, explique Thibault Hutin.
Thibault Hutin aborde les bonnes pratiques pour respecter le bien-être des chevaux de course
Pour respecter le bien-être des chevaux de course, il est essentiel d’adopter des bonnes pratiques qui visent à réduire les facteurs de stress et à favoriser les besoins naturels des équidés. Parmi ces bonnes pratiques, on peut citer :
- Le transport : il faut veiller à ce que le transport soit le plus court et le plus confortable possible pour les chevaux. Il faut choisir un véhicule adapté, bien ventilé et sécurisé, et éviter les changements brusques de direction ou de vitesse. Il faut également respecter les pauses régulières, qui permettent aux chevaux de s’abreuver, de se nourrir et de se dégourdir les jambes. Il faut enfin habituer progressivement les chevaux au transport, en leur faisant faire des trajets courts et fréquents.
- L’environnement : il faut offrir aux chevaux un environnement enrichi et varié, qui stimule leur curiosité et leur motivation. Il faut leur permettre d’accéder quotidiennement à un paddock ou à un pré, où ils peuvent brouter, se déplacer et interagir avec leurs congénères. Il faut également aménager leur box avec des éléments qui favorisent leur bien-être, comme du foin à volonté, des jouets ou des pierres à sel.
- L’alimentation : il faut adapter l’alimentation des chevaux à leurs besoins nutritionnels et à leur activité physique. Il faut leur fournir une alimentation de qualité, composée principalement de fourrages (foin, herbe) et complétée par des concentrés (granulés, floconnés) en fonction de leur niveau d’effort. Il faut également fractionner l’alimentation en plusieurs repas par jour, pour éviter les jeûnes prolongés ou les excès alimentaires.
- L’entraînement : il faut respecter le rythme et les capacités de chaque cheval, en tenant compte de son âge, de sa race, de son tempérament et de son état de santé. Il faut alterner les séances d’entraînement avec des séances de récupération ou de détente, pour éviter la fatigue ou la lassitude. Selon Thibault Hutin, il faut également varier les exercices et les sollicitations, pour stimuler l’intérêt et la motivation des chevaux.
- La compétition : il faut préparer les chevaux à la compétition, en les habituant progressivement aux situations stressantes qu’ils vont rencontrer (bruit du public, présence d’autres chevaux, obstacles…). Il faut également respecter le bien-être des chevaux pendant la compétition, en évitant les pressions excessives ou les punitions injustifiées. Il faut enfin veiller au bien-être des chevaux après la compétition, en leur accordant du repos et des soins adaptés.