Arrêter de fumer est indéniablement un bienfait pour la santé, mais de nombreux ex-fumeurs se heurtent à un obstacle de taille : la prise de poids. Un phénomène quasi inévitable dû aux carences en nicotine et aux changements métaboliques provoqués par le sevrage tabagique. Pire, cette surcharge pondérale s’avère souvent tenace et difficile à éliminer par la suite. Face à ce paradoxe décourageant, des stratégies spécifiques s’imposent pour retrouver la ligne sans replonger dans l’enfer du tabac. Tour d’horizon des clés pour vaincre durablement ces kilos indésirables et profiter pleinement des bienfaits du non-fumeur.
Un surpoids quasi inéluctable
Selon les statistiques de Santé publique France, près de 80% des personnes ayant arrêté de fumer subissent une prise de poids dans les mois qui suivent. Un embonpoint moyen allant de 5 à 10 kilos, mais pouvant dépasser les 15 kilos pour 10% des cas.
“C’est l’effet combiné de plusieurs facteurs qui entrent en jeu pendant le sevrage nicotinique”, explique le Dr Martin Clemens, tabacologue à Paris. D’abord, le manque de nicotine fait baisser le métabolisme de base, ralentissant la dépense énergétique. Parallèlement, les carences engendrées stimulent l’appétit et la consommation de sucres et graisses.
Mais ce n’est pas tout : privé du “coupe-faim” naturel apporté par le tabac, de nombreux ex-fumeurs compensent également par des grignotages récurrents entre les repas. Un cocktail détonant qui vient rapidement alourdir la balance.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Des risques accrus pour la santé
Bien que bénigne de prime abord, cette surcharge pondérale n’est pas anodine sur le long terme. Une étude américaine menée sur plus de 15 ans a montré que les ex-gros fumeurs ayant pris plus de 10 kilos couraient 1,8 fois plus de risques de développer un diabète de type 2 que ceux ayant mieux contrôlé leur ligne.
Le danger ne s’arrête pas là. Un surpoids persistant augmente aussi les probabilités de complications cardiovasculaires (hypertension, artériosclérose…) et de certains cancers, annihilant une partie des bénéfices de l’arrêt du tabac.
Une nouvelle approche s’impose
Face à ces risques non négligeables, des spécialistes prônent une prise en charge pluridisciplinaire du sevrage tabagique. “L’objectif est d’anticiper au maximum ce phénomène de prise de poids à l’arrêt, pour mieux l’encadrer et le contrôler”, souligne Martin Clemens.
Au-delà des substituts nicotiniques classiques, les parcours combinent désormais un suivi nutritionnel personnalisé dès le début du sevrage. But : adopter une alimentation équilibrée aux apports réduits, riche en protéines et fibres pour favoriser la satiété.
L’activité physique est également devenue incontournable pour booster métabolisme et dépenses caloriques. “Nous préconisons a minima 3 séances d’exercices par semaine, combinant renforcement musculaire et cardio”, détaille le Dr Clemens.
Autre levier efficace, l’accompagnement psychologique permet de décrypter et gérer les défis émotionnels inhérents au sevrage, souvent à l’origine de compensations alimentaires problématiques.
Des succès encourageants
Et les résultats semblent au rendez-vous. Dans une étude publiée en 2021, les chercheurs de l’Inserm ont montré que seulement 23% des patients suivis selon ce programme pluridisciplinaire avaient connu une prise de poids supérieure à 7% de leur poids initial après 1 an, contre 43% dans le groupe témoin.
Des chiffres prometteurs qui confirment la nécessité d’une approche dédiée et sur-mesure pour empêcher ce phénomène de prise de poids récurrente à l’arrêt. Car comme le soulignent de nombreux spécialistes, la réussite d’un sevrage ne se juge pas seulement à l’aune des tonnes de CO2 économisées, mais bien sur la santé globale retrouvée sur le long terme.
Voilà un message d’espoir pour tous les ex-fumeurs encore aux prises avec ces kilos superflus. Un combat difficile mais désormais mieux armé grâce aux avancées thérapeutiques récentes. Reste à faire de la motivation un allié de tous les instants pour rompre définitivement avec le tabac… et la balance !