Dans le bouillonnant écosystème des startups françaises, une obligation légale souvent négligée pourrait bien devenir le talon d’Achille de nombreux jeunes entrepreneurs : l’adhésion obligatoire à un service de prévention et de santé au travail (SPST). Enquête sur un enjeu crucial pour la pérennité des entreprises émergentes.
Le choc de la réalité administrative
“J’étais tellement focalisé sur le développement de mon application que j’ai complètement zappé cet aspect”, confie Thomas Leroux, 28 ans, fondateur de la startup GreenTech. Son cas n’est pas isolé. Selon une étude récente de l’Observatoire de l’entrepreneuriat, près de 40% des créateurs d’entreprise de moins de 30 ans ignorent cette obligation lors de leur première embauche.

Une obligation légale incontournable
Maître Sophie Durand, avocate spécialisée en droit du travail, est catégorique : “Dès le premier salarié, qu’il soit en CDI, CDD, intérim ou même stagiaire, l’adhésion à un SPST est obligatoire. C’est inscrit noir sur blanc dans le Code du travail.”
Les risques encourus
Les sanctions pour non-respect de cette obligation peuvent être sévères :
- Amende de 1 500 € pour une première infraction
- Jusqu’à 3 750 € et 4 mois d’emprisonnement en cas de récidive
“Ces sanctions peuvent mettre en péril une jeune entreprise déjà fragile financièrement”, alerte Jean-Marc Poulain, expert-comptable spécialisé dans l’accompagnement des startups.
Au-delà de l’obligation : un investissement stratégique
Le Dr. Vinh Ngo, médecin du travail depuis 15 ans, insiste sur les bénéfices à long terme : “Un suivi médical régulier et des actions de prévention peuvent considérablement réduire l’absentéisme et améliorer la productivité. C’est un investissement rentable.”
Le témoignage d’un entrepreneur converti
Julien Mercier, fondateur de TechInno, partage son expérience : “Au début, je voyais ça comme une contrainte administrative de plus. Mais après un an, j’ai constaté une nette amélioration du bien-être de mon équipe. Ça a même renforcé notre marque employeur.”
Les spécificités pour les jeunes travailleurs
Les startups, qui emploient souvent de jeunes diplômés ou des stagiaires, doivent être particulièrement vigilantes. “Il y a des obligations spécifiques pour les moins de 18 ans, notamment en termes d’évaluation des risques”, rappelle Maître Durand.
Comment s’y prendre concrètement ?
- Identifier un SPST agréé dans votre région
- Préparer les documents nécessaires (Kbis, liste des salariés, fiches de poste)
- Signer le contrat d’adhésion
- Planifier les visites médicales d’embauche
L’avenir de la santé au travail
Avec l’essor du télétravail et des nouvelles formes d’emploi, la santé au travail évolue. “Nous développons des solutions de téléconsultation et des outils de prévention digitaux pour nous adapter aux besoins des startups”, explique Éric Delannoy, directeur d’un SPST en Île-de-France.
Le mot de la fin
Dans un écosystème entrepreneurial en constante mutation, la santé au travail reste un pilier incontournable. Pour les jeunes entrepreneurs, l’intégrer dès le départ dans leur stratégie n’est pas seulement une obligation légale, mais un véritable atout pour construire une entreprise durable et attractive.